Nous
ne savons pas sous quel nom les Pictes se nommés eux-mêmes. On suppose
qu'ils s'appelaient les CRUITUI ou les PRITENI. Ils se composaient d'un
ensemble de tribus, dont les CALEDONII et les MAEATAE étaient les plus
importantes et probablement les plus puissantes.
Avec l'invasion
romaine, puis les incursions ultérieures, il semblerait qu'une
confédération a unifié les tribus situées au nord de Forth-Clyde (vers
le centre de l'Écosse).
Le territoire de ces tribus était connu
sous le nom de CALÉDONIE, en prenant l'identité d'une des deux tribus
encore dominante. La première mention des Pictes vient de l'historien
Dio Cassius qui rapporte l'existence des CALEDONII et des MAEATAE au
nord de l'Ecosse, au début du 1er siècle, en confirmant leur
prééminence parmi les nombreuses tribus plus petites dont les noms
avaient été enregistrés par Claudius Ptolemaeus dans sa Géographie
entre 150 et 400 ap. J.-C..
Le poète de la cour de Claude, à
l'époque de Stilicho, évoque une forme de décoration du corps dans sa
référence « aux marques de fer » sur les corps des Pictes (il pourrait
s'agir de la même méthode de tatouage décrite par Vegetius dans son
Résumé de Science Militaire, quand il recommande que la nouvelle recrue
ne soit pas tatouée à coups d'épingle de la marque officielle aussitôt
qu'il a été choisi).
En cela, les Pictes avaient beaucoup en
commun avec d'autres peuples de l'âge du fer de la Grande-Bretagne,
comme le mentionne Julius Ceasar, qui fait allusion aux peaux décorées
des Britanniques. L'isolement géographique et politique de la Calédonie
a pu contribuer à une évolution plus lente et à un plus fort maintient
des pratiques traditionnelles, alors que leurs cousins britanniques du
sud y avaient renoncés.
Une autre mention des marques
corporelles pictes est faite par Isadore de SÉVILLE (600 ap. J.-C.),
qui explique que l'origine du nom Picte vient du fait qu'ils ont fixé
leurs dessins dans leurs peaux en utilisant des aiguilles.
Le
mot « Picti », qui signifie « peint », a été frappé sur les monnaies
par les soldats romains en service sur la plupart des frontières du
Nord de l'Empire, chose comparable à l'appellation de « peaux-rouges »
des colons de l'ouest américain pour désigner les natifs.
L'identité
des Écossais, ou des SCOTTI, présente également des problèmes. Ils sont
souvent décrits comme des aventuriers irlandais, qui ont fait la très
courte traversée depuis Hibernia dans leur coracle (embarcation
couverte de peau) pour rejoindre les Pictes, d'abord dans des raids sur
le littoral de la province romaine de Britannia et ensuite dans des
implantations permanentes sur la côte occidentale de l'Ecosse, où ils
se sont souvent trouvés en conflit avec leurs alliés d'autrefois, les
Pictes.
L'extension du royaume de Dalriada, de l'Irlande jusqu'à
l'Ecosse occidentale, n'est pas tant la confirmation que les Scotti
sont venus de l'Irlande pour s'installer en Argyll, mais une indication
possible que ces premiers Écossais ont rejoint leurs voisins, à travers
la mer d'Irlande, plutôt que leurs tribus cousines situées à l'Est.
C'est la toile de fond du développement des Pictes et des Écossais (ce
qu'on appelle aujourd'hui les Écossais).
Mieux connu, l'art de
l'embellissement de style La Tène, en Ecosse et en Irlande, est
illustré par des trouvailles comme la fibule penannulaire de Clogher
(co. Tyrone) à décor de tourbillons, et les panneaux émaillés de rouges
sur le grand chaudron de la tombe de Sutton Hoo. Issus de deux sites
éloignés, ces découvertes indiquent que l'influence athénienne était
loin d'être localisée.
Les données archéologiques exhumées concernant les Pictes sont ténues mais pas inexistantes.
Les
écrits des premiers chroniqueurs comme Gildas, Bede, Rue, Columba et
Nennius, fournissent une vision de la société picte. Mais l'image la
plus saisissante des Pictes est le témoignage de Gildas qui décrit les
déprédations causées par les raids des Pictes sur les Romains :
«
ils ont émergé de leur coracles qui les avait portés à travers les
vallées marines, hordes répugnantes des Pictes, comme les nuées sombres
des vers qui surgissent des lézardes étroites de la roche quand le
soleil est haut et que le temps devient chaud. Ils étaient avides de
massacres et ils étaient plus enclins à couvrir leurs visages infâmes
avec leurs cheveux, que leurs parties intimes avec des vêtements ».
Cette
image d'un guerrier aux cheveux longs, légèrement vêtu et dépourvu de
protection est confirmée par les pierres sculptées de symboles ou de
pictogrammes présentent dans beaucoup de régions sous domination picte.
Ces symboles hautement stylisés ne sont pas simplement religieux ou
rituels, mais peuvent avoir plus de significations concernant les
aspects de la vie picte, de la société et même de la guerre sous une
forme hiéroglyphique.
Peu de choses suggèrent que les casques ou
l'armure corporelle aient jamais étés portés par les Pictes, car aucun
exemple de couvre-chef ou d'armure n'a jamais été exhumé, pas même un
seul artefact qui soit disponible pour l'étude. Il y a deux références
possibles aux casques pictes de guerre ; le premier, une représentation
iconographique sur la pierre de Balibur, figure ce qui pourrait être un
casque conique, en supposant qu'il représente un guerrier picte ;
l'autre figure sur la pierre de Aberlemno. Tout ce que nous pouvons
dire, c'est qu'en dépit des nombreuses images de guerriers sur ces
pierres, toutes représentent des ennemis complètement casqués aux côtés
de guerriers picts dont le couvre-chef, après inspection précise, est
habituellement interprété comme les cheveux coiffés en arrière. La
question des casques pictes est ouverte et attend d'avantage de
découvertes.
Nous sommes mieux renseignés sur les épées par des
figurations sur les pierres et des artéfacts archéologiques. Les lames
découvertes mesurent 66 centimètres de longueur avec une petite
poignée. Elles sont de section losangique ou ont trois cannelures.
L'absence de poignée conservée suggère des éléments organiques. De
petites haches ont été trouvées dans les fouilles de Dunadd associées à
des épées, mais on pense qu'il s'agit plutôt d'outillage. Une sculpture
sur pierre montre un personnage tenant une hache à deux mains par son
long manche fin ; la posture suggère une hache de bataille, mais le
manque de trace archéologique laisse la question ouverte.
Les
pierres de Aberlemno, Birsay, Kinsella, Lewis Harris et Iona montrent
des guerriers tenant de petits boucliers carrés et portant des lances.
Les fers de lance qui ont été trouvés mesurent environ 10 centimètres
de longueur. Il est probable que les Pictes ont utilisé la fronde et
l'arc mais l'absence de preuves ne permet pas de l'affirmer. Gildas
dans son "De Exidio Britonum" déclare que les javelines ont été
utilisées par les Pictes contre les Romains devant le mur d'Hadrien
"sans
répit, les lances barbelées étaient jetées par leurs adversaires nus,
sur nos compatriotes, misérables, arrachés des murs et précipités à
terre".
La pierre de Drosten montre un chasseur qui porte ce
qui est visiblement une arbalète. Les fouilles menées sur Iona ont
révélé une variété de fragments de cuir , dont la moitié d'une bourse
de cuir de forme carrée (110mmx95 millimètres) et des parties
supérieures de chaussures. Ces fragments sont semblables au modèle
romain, mais certains ont de curieux rajouts de petits verres de talon
allongés (?) qui n'ont aucun parallèle contemporain.[/justify]